Le marché de l’emploi en Belgique est confronté à une contradiction structurelle : un taux de chômage qui reste élevé coexiste avec une pénurie de talents dans des secteurs clés. Ce déséquilibre ralentit l’activité économique, fragilise la compétitivité des entreprises et alourdit les charges de gestion des ressources humaines.
Des difficultés de recrutement généralisées
70 % des employeurs en Belgique éprouvent des difficultés à pourvoir certains postes. Ces tensions affectent principalement les secteurs techniques, industriels, de la santé et des technologies de l’information.
Les métiers les plus touchés sont :
- développeurs informatiques, spécialistes en cybersécurité, ingénieurs,
- infirmiers, aides-soignants, techniciens spécialisés,
- ouvriers qualifiés du bâtiment.
Chaque année, le nombre de postes vacants dans l’informatique se compte en dizaines de milliers. Dans la construction, le manque de main-d’œuvre qualifiée retarde de nombreux projets. Le secteur de la santé, quant à lui, fait face à un sous-effectif chronique aggravé par le vieillissement de la population et l’augmentation des besoins en soins.
Un chômage toujours élevé malgré la demande
Le taux de chômage s’élevait à 5,7 % au niveau national en avril 2025, selon Eurostat , avec de fortes disparités régionales :
- Bruxelles : 10,8 %
- Wallonie : 8,1 %
- Flandre : 3,3 %
Ce niveau reste préoccupant au regard du nombre de postes non pourvus. Le marché belge est marqué par une inadéquation entre les compétences des demandeurs d’emploi et les besoins des employeurs. Près de 30 % des postes vacants nécessitent des compétences techniques précises que peu de candidats possèdent.
Une concurrence internationale sur les profils clés
La demande mondiale en compétences numériques et techniques accentue la pression sur le marché belge. Les profils IT, ingénieurs ou STEM sont recherchés partout en Europe.
Conséquence : certaines entreprises belges recrutent à l’étranger ou externalisent certaines fonctions. D’autres subissent la concurrence de sociétés internationales proposant du recrutement à distance avec des packages attractifs.
La rétention des talents, une priorité stratégique
62 % des entreprises belges considèrent la fidélisation comme une priorité RH majeure. Le coût du remplacement d’un salarié peut coûter jusqu’à 30 % de son salaire annuel, sans compter la perte de productivité et d’expertise.
Pour éviter un turnover coûteux, les employeurs déploient plusieurs leviers :
-
amélioration des conditions de travail (flexibilité, télétravail),
-
avantages extra-légaux et revalorisation salariale,
-
programmes de formation continue,
-
initiatives de bien-être et reconnaissance.
L’objectif est clair : préserver les compétences critiques et stabiliser les équipes.
La formation, levier fondamental pour rééquilibrer le marché
Environ 30 % des offres non pourvues exigent des compétences non couvertes par les cursus traditionnels. Pourtant, la reconversion professionnelle et la formation continue restent trop peu mobilisées.
Des initiatives comme le Digital Belgium Skills Fund, Formaction, ou les programmes régionaux du Forem, Actiris et VDAB ont été lancées pour combler ce fossé, mais leur impact reste limité.
Les freins sont multiples :
- Manque de moyens en entreprise,
- Déconnexion entre formations proposées et besoins réels,
- Faible lisibilité des parcours de reconversion.
Une urgence économique et sociale
Selon Statbel, la Belgique comptait 190 360 postes vacants au 1er trimestre 2025, soit un des taux les plus élevés d’Europe. Des projets sont retardés ou annulés faute de talents. La croissance de secteurs clés comme la tech, la logistique ou la santé est directement affectée.
Parallèlement, le chômage structurel perdure. Trop de travailleurs restent à l’écart du marché faute de formation, de mobilité ou d'accompagnement.
Vers une stratégie intégrée emploi-compétences
Une réponse efficace passera par une coordination renforcée entre les pouvoirs publics, les entreprises et les organismes de formation. Parmi les leviers identifiés :
- renforcer l’offre de formations techniques et numériques,
- soutenir les reconversions rapides et ciblées,
- valoriser les métiers en tension dès le secondaire,
- développer l’alternance et les partenariats écoles-entreprises,
- ajuster les incitants à l’embauche aux besoins réels.
Une politique de l’emploi efficace ne peut se limiter à la création de postes. Elle doit s’accompagner d’une stratégie d’alignement des compétences, de soutien à l’employabilité et de sécurisation des parcours professionnels.
Conclusion
La Belgique fait face à un défi structurel : des milliers de postes vacants côtoient un chômage persistant. Ce paradoxe traduit une inadéquation entre les compétences disponibles et les réalités économiques.
Pour y remédier, une approche intégrée, agile et territorialisée est indispensable. Sans cela, la pénurie de talents continuera de peser sur la croissance, l’innovation et la cohésion sociale.
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Sources :
📌 Eurostat – Taux de chômage avril 2025 : eurostat.ec.europa.eu
📌 Statbel – Postes vacants T1 2025 : statbel.fgov.be
📌 Manpower Group – manpowergroup.be
📌 ManpowerGroup – Baromètre pénurie de talents 2024 : manpowergroup.be
📌 SPF Emploi – Diagnostic compétences et emploi : emploi.belgique.be