« Une fois, les hommes ont confié leur pensée aux machines dans l'espoir que cela les libérerait. Mais cela n'a fait que permettre à d'autres hommes avec des machines de les asservir. »
— Frank Herbert, Dune (1965)
L’IA va-t-elle réellement nous libérer du travail cognitif… ou simplement l’appauvrir ?
Une récente étude menée par le MIT Media Lab, intitulée Your Brain on ChatGPT, lève le voile sur les effets neurologiques de l’IA générative dans des tâches de rédaction. Elle interroge profondément nos pratiques en entreprise, et pose des questions majeures pour les professionnels RH : comment concilier performance et préservation des compétences humaines ?
Quelle place donner à l’IA dans les processus de travail intellectuel ?
Chez Humakina, nous avons analysé cette étude sous l’angle RH. Résumé et enseignements clés pour la gestion des talents et des compétences.
54 participants ont été répartis en 3 groupes pour rédiger plusieurs essais :
Chaque participant a été équipé d’un casque EEG pour mesurer l’activité cérébrale en temps réel.
L’objectif : mesurer l’impact cognitif réel de l’assistance technologique, notamment en termes de mémoire, d’attention, d’engagement et de sentiment d’appropriation.
Les résultats EEG sont sans appel :
Plus un participant est assisté (notamment par ChatGPT), plus sa connectivité neuronale diminue.
Les participants "Brain-only" mobilisent fortement les ondes alpha, bêta, delta et thêta – signes d’un cerveau profondément engagé dans la réflexion, la structuration, la mémorisation et l’expression écrite.
Au contraire, l’usage d’un LLM comme ChatGPT affaiblit toutes les bandes de fréquence cérébrale étudiées. Moins de brassage d’idées, moins d’effort, moins de mobilisation exécutive.
🧠 Implication RH : pour les tâches nécessitant créativité, résolution de problèmes ou pensée critique, un excès d’automatisation nuit au développement des soft skills clés.
Autre constat fort : les participants ayant rédigé avec ChatGPT étaient incapables de citer leur propre texte quelques minutes après l’avoir écrit. Aucun d’entre eux n’a pu reproduire une phrase correctement.
Pire encore : leur sentiment d’appropriation du texte était fragmenté. Nombreux sont ceux qui disaient ne pas se sentir pleinement auteurs, ou seulement à 50 %.
À l’inverse, les participants sans assistance mémorisaient mieux et revendiquaient clairement la paternité de leurs écrits.
🧠 Implication RH : quand une présentation est préparée par IA, que reste-t-il à l’orateur ? Sans appropriation, difficile d’argumenter, d’interagir, d’être convaincant. L’IA allège le travail, mais elle efface aussi l’ancrage mémoriel.
Les chercheurs ont également analysé le style des textes via NLP. Verdict :
⚠️ Attention à la standardisation : un collaborateur qui utilise l’IA produit peut-être plus vite, mais moins de singularité, moins de personnalité, moins de différenciation.
🧠 Implication RH : la diversité des styles, des approches et des idées est un moteur d’innovation. Si tous les contenus internes (rapports, mails, supports de réunion…) deviennent des clones de GPT, la culture d’entreprise perd en relief et en richesse.
Dans une dernière session, les groupes ont échangé leurs outils :
Résultat : Les anciens utilisateurs de ChatGPT ont eu plus de mal à se réengager cognitivement : moins de mémoire, moins d’initiative, style appauvri…
À l’inverse, les anciens “Brain-only” ont su intégrer les suggestions de l’IA sans perdre leur autonomie cognitive.
🧠 Conclusion RH : une accumulation de dette cognitive se crée chez les collaborateurs trop assistés par l’IA. Et comme toute dette, elle finit par se payer – en perte de compétences, de réflexes et de créativité.
Cette étude nous invite à repenser la place de l’IA dans le travail intellectuel.
Chez Humakina, nous croyons à une approche équilibrée :
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📄 Téléchargez l’étude complète ici : Your Brain on ChatGPT: Accumulation of Cognitive Debt when Using an AI Assistant for Essay Writing Task