Dans un contexte européen où les tensions sociales se multiplient, Fabrice Encelle rappelle une conviction simple mais essentielle : le dialogue social n’est jamais aussi fort que lorsqu’il repose sur la confiance et la clarté.
Directeur des Ressources Humaines de SLG, groupe européen de mobilité installé au Luxembourg, il porte une vision profondément humaine de son métier. Une vision où l’innovation, la transparence et la proximité ne sont pas des concepts, mais des pratiques concrètes au service des équipes.
Son parcours, forgé dans des environnements variés, nourrit cette approche à la fois moderne et ancrée dans le réel. Moderniser les pratiques sans s’éloigner du terrain, faire évoluer les organisations en restant fidèle à la parole donnée, bâtir la performance sociale à travers des relations authentiques : autant de principes qui guident son action au quotidien.
Avec sincérité et pragmatisme, il revient ici sur les ressorts d’un dialogue social constructif, la place des syndicats comme partenaires de confiance, l’équilibre délicat entre transparence et confidentialité, et les grandes tendances qui façonnent aujourd’hui le marché du travail au Luxembourg.
Un dialogue social constructif repose avant tout sur la transparence. C’est le levier essentiel pour instaurer un climat de confiance durable entre la direction et les représentants du personnel. Être transparent, c’est partager les informations de manière honnête et complète, sans chercher à enjoliver la réalité ni à cacher les difficultés.
Il est également primordial de ne pas tourner autour du pot : il faut savoir dire les choses clairement, même lorsqu’elles sont difficiles à entendre. Entretenir de faux espoirs sur des demandes qui ne pourront pas être satisfaites est contre-productif et finit toujours par fragiliser la relation sociale.
Enfin, un autre levier fondamental est la cohérence entre la parole et les actes. Tenir ses engagements, même modestes, renforce considérablement la crédibilité de la direction et démontre le respect accordé aux partenaires sociaux. Cette constance crée une dynamique de confiance réciproque, condition indispensable pour avancer ensemble de manière constructive.
Oui, très clairement. Les syndicats sont avant tout un relais essentiel du terrain. Leur feedback est précieux pour comprendre les attentes réelles de nos collaborateurs et identifier rapidement les sujets qui méritent une attention particulière. Ils contribuent ainsi à nourrir une vision plus juste et plus proche de la réalité opérationnelle.
Ils jouent également un rôle important dans la communication interne, en relayant certaines décisions ou changements auprès des équipes, ce qui favorise une meilleure compréhension et adhésion aux orientations prises.
Nous avons la chance, au sein de notre groupe, de pouvoir compter sur des représentants expérimentés, qui connaissent parfaitement nos métiers et notre organisation. Leur expertise rend leurs propositions souvent très pertinentes et constructives.
Enfin, notre collaboration est régulière et concrète : nous nous réunissons, membres de la direction et délégués du personnel, chaque semaine, et travaillons ensemble sur la grande majorité des problématiques et des initiatives visant à améliorer l’expérience employé. C’est cette proximité et cette coopération continue qui en font de véritables partenaires stratégiques.
Tout repose sur la confiance. C’est véritablement la clé de l’équilibre entre transparence et confidentialité. Avec l’expérience, j’ai constaté que lorsque les échanges se font dans un climat de bienveillance et de respect mutuel, la transparence ne met pas en danger la confidentialité — au contraire, elle la renforce.
Je crois profondément qu’il faut oser faire le premier pas : donner sa confiance pour créer ce climat d’ouverture et de sincérité. En agissant de manière transparente et en expliquant les choses honnêtement, on favorise une relation adulte et responsable, où chacun mesure le poids de la parole donnée. Et dans les faits, les déceptions sont rares. Lorsque la confiance est réciproque et que les intentions sont claires, les règles de confidentialité sont naturellement respectées.
Dans mon quotidien, je ne le ressens pas particulièrement. Le climat social au Luxembourg reste globalement serein et constructif. Nous avons la chance d’évoluer dans un environnement où le dialogue social est ancré dans la culture nationale et où les échanges entre les partenaires sociaux se font dans un esprit de responsabilité.
Au niveau national, nous traversons effectivement une période charnière, notamment avec la réforme nécessaire du système de retraites. Il est naturel que les positions ne soient pas toujours parfaitement alignées au sein de la tripartite, mais ce qui importe, c’est que le dialogue continue d’exister et qu’il permette d’aboutir à des solutions concrètes et équilibrées.
C’est d’ailleurs une force du modèle luxembourgeois : même dans les moments de désaccord, la recherche du compromis prime sur la confrontation.
C’est vrai, le marché de l’emploi montre aujourd’hui des signes de ralentissement, avec une forme de prudence généralisée liée aux incertitudes géopolitiques et à l’impact encore difficile à mesurer de l’intelligence artificielle sur l’organisation du travail.
Dans notre secteur, nous continuons à avoir d’importants besoins de recrutement sur les postes dits de terrain, chauffeurs, techniciens, mécatroniciens qui restent essentiels à la continuité de nos activités. En revanche, dans certaines équipes plus « supports », nous remplaçons plus sélectivement les départs, en fonction des priorités opérationnelles et de l’évolution des besoins.
Les partenaires sociaux comprennent bien ce paradoxe, car il reflète une tendance mondiale : des besoins toujours croissants pour les métiers manuels et opérationnels, tandis que les fonctions administratives ou support connaissent une stabilisation, voire une contraction.